Tuesday, September 19, 2006

Le noir.

J’ai cessé d’être insomniaque quand j’ai vécu en couple. Avant, j’allais souvent dormir chez une amie, j’étais capable de prendre le dernier métro pour ne pas dormir seule.

Depuis que j’ai l’âge d’avoir des souvenirs, j’ai peur du noir. J’ai peur des ombres, de la nuit, des films qui font peur. J’ai longtemps rêvé d’Islande et de jour indéfini pour constater sur place, à Reykjavík au mois d’août, que ce jour tombant où l’on guette quelque chose qui n’arrive pas, est encore plus angoissant que la vraie nuit.

Petite, j’ai pleuré jusqu'à l’âge de 6 ans pour aller dans le lit de mes parents. Après ils ont divorcé et j’ai fait le cirque à ma mère encore quelques années. Quand elle ne cédait pas, je me cachais sous mes couvertures avec des angoisses terribles au ventre. J’attrapais des sueurs tellement j’avais chaud là-dessous. Ma mère me demandait régulièrement de quoi j’avais peur. Je répondais, désemparée, que je ne savais pas. Ce qui était vrai.

Je suis mère à mon tour. Ma fille m’a appris à apprivoiser la nuit. Les repas toutes les 3 heures du début où seul le rythme de l’enfant donne la cadence. Rapidement, j’ai acheté une veilleuse pour sa chambre. Il y a peu, elle m’a demandé de la protéger à l’approche du sommeil.

J’habite à la campagne. Un réverbère en bas du jardin, beaucoup d’arbres. Au début, je fermais tous les volets quand, en hiver la nuit tombe à 5 heures. J’ai adopté un chien, un gros chien qui fait assez peur.
Je déteste mon mari quand il rentre tard car de nouveau, une boule me crispe le ventre, je n’arrive pas à m’endormir. Je regarde des trucs sans relief à la télé. Je guette comme un enfant le bruit des pneus sur le gravier. L’autre jour je commençais à « trouver le temps long », c’est mon expression. J’ai appuyé sur la télécommande au hasard et suis tombée sur une interview de Théodore Monod qui disait « L’ère de la brosse à dent électrique c’est nul quand on voit la cruauté des hommes », j’ai trouvé ça classe. Ça m’a laissée pensive, j’ai regardé le journal de la nuit sans rien écouter. Je suis sortie du songe à la fin de la météo quand une dame blonde et mince, a annoncé que demain, c’est la saint Germaine.
J’en connais pas.

Extrait de Fromage de tête, texte en cours d'écriture. Stéphanie Soudrain

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